Au milieu du tourbillon des dernières semaines, j'ai eu la chance de participer pour la première fois à un atelier d’écriture. Marc Zaffran, connu sous le pseudonyme de Martin Winckler, animait deux rencontres organisées par la ville de Tours, où il a fait ses études de médecine et où se déroulera l’histoire de son prochain livre.
Cet atelier a été une révélation, soulevant en moi toute une série de réflexions sur l’écriture et la créativité. Une des thématiques abordées en groupe a trouvé un écho particulier avec ma situation actuelle, notamment à cause de la pression que je ressens dans la gestion de mon temps : celle de la contrainte.
Durant l’atelier, la contrainte se manifestait à travers plusieurs paramètres imposés par l’animateur : un sujet précis, un nombre maximum de signes, un point de vue à adopter et une deadline.
Nous avons partagé nos réactions, profitant d’un rare mélange de générations, milieux et tempéraments. Certains participants ont été paralysés par les règles, incapables de terminer leur texte. Une majorité s’en est accommodée, se débattant avec les limites tout en s’appuyant sur la structure pour progresser. Enfin, d'autres se sont sentis rassurés par ce cadre, exprimant leur inquiétude de ne pas pouvoir continuer à écrire sans cette sécurité.
Ainsi, la contrainte se révèle être à la fois un prétexte et une excuse, un guide et une protection.
Personnellement, j’ai apprécié les règles de l’exercice et me suis lancée avec enthousiasme. Cependant, j’ai rencontré plus de difficultés à l’étape de la révision. Reprendre mon texte après un premier jet moyen n’a pas été facile. Pourtant, c’est là que résidait tout l’intérêt de l’atelier : être lue et recevoir des critiques constructives. Malgré mes réticences initiales, j’ai finalement rendu une version révisée dans les temps, en tenant compte des conseils. J’ai pu clore l’exercice en arrêtant de bouder !
Cette expérience m’a éclairée sur l’effort qu’exige l’écriture, et l’importance de se laisser guider par quelqu’un d’expérimenté, capable et désireux de partager son savoir-faire. Elle a aussi relativisé pour moi le mythe du talent inné. La question me taraude encore : pourquoi écrire, face à tant de prouesses littéraires déjà réalisées ? Mais je sais maintenant qu’avec du travail, tout texte s’améliore.
L’atelier m’a également rappelé l’importance de choisir des "contraintes fertiles" en écriture comme dans la vie. Encore faut-il avoir le luxe de faire ces choix bien sûr. Une fois ce cadre défini, la motivation pour surmonter les obstacles est plus forte.
Enfin, écrire, c’est toujours garder en tête son lecteur, revenir sans relâche au propos central et à l’émotion que l’on souhaite transmettre. C’est aussi valoriser, à l’heure où l’intelligence artificielle semble capable de remplacer tant d’activités humaines, cet acte d’écriture, qui peut paraître fragile et vain.
Comme il est difficile et nécessaire, en toutes choses, de se rappeler pour qui, comment et pour quoi nous faisons ce que nous faisons !